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dimanche 7 avril 2013

De la liberté

Il parait qu'on vit dans un pays libre. En France, comme dans d'autres pays occidentaux, nous jouissons de nombreux droits. Nous nous sommes battus pour obtenir le droit de réunion, de grève, la liberté d'expression, de culte, entre autres.


Ce qui me rend triste à l'heure actuelle, c'est que ces libertés semblent se restreindre.

Avant de continuer plus avant, et de peut-être provoquer chez toi, lecteur, colère, exaspération ou haussement d'épaules, je vais préciser quelques points me concernant. Même si ce que je suis n'a aucune influence sur la pertinence ou non de mon propos.


Je suis féministe. Le genre qui ne comprend pas pourquoi les femmes sont traitées différemment des hommes. Pourquoi les paye-t-on moins pour le même travail? Pourquoi les voile-t-on? Pourquoi limite-t-on leurs déplacements en leur racontant que si elles sortent tard le soir, elles risquent de se faire violer? A vérifier, mais il paraitrait que les victimes de violences dans les rues soient très majoritairement les hommes.


Je suis également croyante. Le genre qui ne va pas te faire chier, toi, l'athée, ou toi, qui a une foi différente de la mienne. Parce que je crois profondément que la foi est personnelle. Et que religion, étymologiquement, signifie relier les hommes. Je tends à penser que la religion a de tous temps servi à établir des règles de vie en société. Les religions qui m'intéressent le plus sont celles qui mettent en contact le plus directement possible les croyants et leur(s) dieu(x). C'est te dire si le catholicisme, la religion dans laquelle j'ai grandi, et sa hiérarchie me paraissent absurdes.


Pour finir de parler de moi, je t'avouerais que je suis tiraillée entre anarchisme et libéralisme. Je crois fermement que l'esprit d'entreprise est une belle chose. Et que la responsabilité individuelle structure l'individu.


Pour revenir à mon sujet d'inquiétude, je vais te raconter ce qui me perturbe dernièrement.

J'ai été prise à partie ces derniers temps par des personnes qui me sont chères. Sur mon manque d'engagement. Sur mes interrogations à propos du judaïsme. Sur mes blagues douteuses.


Je ne suis pas misogyne, mais je fais des blagues lourdingues sur les femmes (et même, j'en ris!).

Je ne suis pas antisémite, mais je trouve la façon des ultra-orthodoxes de traiter les femmes pas très sympathiques.
Je ne suis pas homophobe, mais je n'ai pas envie de faire taire les anti-mariage gay.


En gros, je suis pour la liberté d'expression.


Tu vas peut-être me répondre que les mots blessent. Que parfois même, ils rendent les individus si malheureux qu'ils les poussent aux pires extrémités. Je suis tout à fait d'accord. J'ai été dans ce genre de situation où une phrase m'a traumatisée pendant des années.


Cependant. (là je sais mon propos va peut-être sembler extrême) Cependant, nous avons la chance de jouir de la liberté d'expression. Nous tous. C'est-à-dire nous qui sommes d'accord entre nous, et les autres. Ceux qui ont d'autres idées, opinions ou croyances.

Parfois, quand j'entends certains de mes amis, j'ai l'impression que la liberté d'expression, ce n'est que pour ceux qui sont du même avis que nous. Ceux qui pensent différemment sont des imbéciles (pourquoi pas) et doivent se taire, voire mourir (oui, j'ai lu ce genre de propos). Et ça me pose problème.
La liberté d'expression, ça vaut pour tous. Pour toutes les idées, même celles qui ne nous plaisent pas.
Aux États-Unis (je sais, ce n'est pas toujours un pays exemplaire), toute parole est autorisée, libre.
Ce qui me plait dans le fait de laisser toute idée libre de s'exprimer, c'est que ça libère le débat. Si je sais ce que pense l'autre, je peux parler avec lui, lui opposer des arguments, essayer de le convaincre qu'il a tort.
Évidemment, il peut faire de même. Mes arguments devront donc être solides.


Et puis, si chacun a le droit de dire ce qu'il pense, ça permet aussi de savoir qui a des idées extrémistes. Pour un État, c'est intéressant, ça permet de repérer les éléments dangereux.

Tu me rétorqueras que les extrémistes intelligents se cacheront. Certes.
Moi je te répondrai que parler n'est pas agir (oui, des fois, je réponds des trucs à côté de la plaque. Ça déstabilise. J'aime bien.).


Bon, je parle, je parle, mais j'aimerais bien savoir ce que tu en penses.


Pour conclure, je te dirais qu'il y a quelques années, j'étais une fille aux nerfs à vif. Je ne supportais pas la contradiction. J'avais l'impression que quelqu'un qui n'était pas de mon avis remettait en cause ma personne. Depuis, j'ai appris la tolérance. J'essaie de comprendre pourquoi une personne pense ce qu'elle pense, quelle est son histoire. Ça me permet de discuter avec elle et de trouver des arguments pour la faire changer de point de vue (au sens premier du terme).


Et puis, traiter les gens d'abrutis ne les a jamais convaincus qu'ils avaient tort.


Et puis, qui m'empêche de passer mon chemin quand je n'ai pas envie d'écouter ce que je considère comme de la connerie en barre ? 
 
Et puis, la liberté, c'est une belle valeur, non? (Han la la, ça y est, je suis devenue une hippie!!)

8 commentaires:

LD a dit…

Il est vrai que traiter les gens d'abrutis n'est pas très utile, hors mis se soulager.
Après ceux qui sont contre le mariage homo, j'ai du mal. C'est très intolérant comme idée, je trouve cela très extrêmes quand même.

Après pour les religions, je suis athée limite anti-déiste, j'avoue. Alors vaut mieux que je laisse la place aux autres sur ce sujet ^^

Après la liberté d'expression est plus facile à utiliser avec ceux qui ont nos idées, c'est sur. Mais cela n'exclu pas l'écoute, la compréhension parfois, et surtout la confrontation d'idée.

Unknown a dit…

Comme disait Jésus, il est très facile d'aimer nos proches. Le challenge, c'est justement d'aimer, ou tout du moins accepter les autres, quels qu'ils soient. (Ok il ne le disait pas comme ça ^^)

Pour ce qui est du mariage pour tous, ça te parait extrême de refuser le mariage pour les homos, mais disons que ceux qui pensent de cette façon le font pour différentes raisons.

Perso, j'essaie de me mettre à la place de tous ces gens à qui on a appris que l'homosexualité était une tare, voire allait de pair avec la pédophilie.
Ils ne connaissent parfois aucun homo. Ils ont peur parce qu'ils ne connaissent de l'homosexualité que ce que les médias leur en montrent (et ça, ça fait très peur!).
Du coup, moi, j'ai envie de leur parler, de leur expliquer des choses.
Pas de les traiter d'abrutis ou de souhaiter leur mort.
Parce que du coup je deviendrai comme ces gens qui veulent ma mort à moi, parce que je suis métisse, femme libérée, ou autre raison du même type.

La haine n'engendre que la haine.

LD a dit…

Je comprend bien et je suis d'accord sur le fait qu'il faille leur expliquer en argumentant.
Mais quand, certains, ont une haine sourde et aveugle, qu'ils se refusent à écouter les intérêts de chacun, que faut il faire? Les laisser brailler leur haine et leur intolérance? Laissez faire et ne rien dire?
Regarde ce weekend avec le printemps français et le saccage du printemps des Assoces (avec l'inter-LGBT entre autres).
Les comportements intolérants devraient être punis de la plus grosse fermeté possible.
Je ne peut pas comprendre qu'on laisse le GUD s'exprimer par exemple. Surtout qu'ils reprennent allègrement des idées négationnistes. Les laisser s'exprimer c'est leur donner une légitimité, et je trouve ça inacceptable.

A vrai dire je crois que je suis intolérant avec les intolérants.
Mais je ne souhaite la mort de personne, je te rassure, je ne rentre pas dans ce genre d’extrême.

Unknown a dit…

Perso, je suis pour sanctionner les actes. Pas les paroles.
Je me sens assez forte pour tout entendre, même si certains propos me font bondir.
Mais qui décidera que tel propos est interdit et pas tel autre.
C'est ce qui me pose problème dans l'interdiction des paroles.

Unknown a dit…

Mais qui décidera que tel propos est interdit et pas tel autre?*

LD a dit…

C'est un peu compliqué c'est vrai.
Après le GUD n'est pas seulement un groupe de paroles.
Régulièrement, sur Lyon, ils font actes de violence. D'ailleurs plusieurs plaintes ont été déposés. Mais on leur laisse le droit de s'exprimer. Et je ne trouve pas cela normal.
Je te laisse juger par toi même en cherchant sur google.

Laymore a dit…

Qui décidera ? Le bon sens bordel ! Le même qui fait qu'on ne plonge pas sa main dans le feu ou qu'on ne saute pas dans le vide !

LD a dit…

Le problème c'est que certain te prendront la main pour la mettre dans le feu, ou ils te pousseront dans le vide.
Quand je vois comme ça se passe en ce moment, je ne fais plus trop confiance au bon sens.